La science se cherche Santé

Mangeons des lentilles, c’est bon pour la santé …

09.02.17

Manger moins de viande et davantage de légumineuses, c’est ce que recommande l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) dans son dernier rapport rendu public le 24 janvier dernier. Ces nouveaux conseils viendront s’ajouter au désormais classique « cinq fruits et légumes par jour ».

Il faut apporter des « évolutions fortes » aux recommandations nutritionnelles actuelles, estime l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, chargée en 2012 par le ministère de la Santé de se pencher sur la question. Ces recommandations se traduisent pour le grand public par huit conseils, largement diffusés depuis 2002 : au moins cinq fruits et légumes par jour, trois produits laitiers quotidiens, des féculents à chaque repas, des protéines animales une à deux fois par jour, limiter les matières grasses, les produits sucrés et le sel, et boire de l’eau à volonté.

Pour les mettre à jour, l’Anses a déterminé, par un algorithme, quel régime alimentaire couvrirait les besoins nutritionnels de 97,5% de la population adulte, tout en prévenant les maladies chroniques (diabète, certains cancers, obésité, maladies cardiovasculaires, etc.) et en limitant l’exposition à 89 substances chimiques et 9 polluants organiques persistants. Elle a ensuite comparé cette alimentation « idéale » avec l’assiette des Français pour formuler ses recommandations. « C’est la première fois qu’on tente d’intégrer tous ces enjeux », a souligné Dominique Gombert, directeur de l’évaluation des risques à l’Anses, lors d’une conférence de presse.

Les légumes secs, bons pour la santé

Résultat : les Français ne mangent pas assez de légumineuses (lentilles, fèves, pois chiches, etc.), une catégorie d’aliments pourtant riche en protéines, en fibres et en micronutriments, souligne Irène Margaritis, nutritionniste à l’Anses. En moyenne, les femmes françaises en consomment 11 g par jour et les hommes, 15 g, et beaucoup n’en mangent jamais, alors que le niveau de consommation optimal serait d’au moins 36 g, et jusqu’à 100 g pour les femmes ayant un besoin en fer élevé. Or dans ce document, qui actualise les repères nutritionnels des Français, la consommation de lentilles, fèves, pois et autres « légumes secs » est conseillée pour ses apports multiples (fibres, protéines, vitamines et minéraux). Autre intérêt des légumineuses, bonnes pour la santé ; elles sont également bénéfiques à l’environnement.

Parmi les féculents, il faut privilégier les céréales complètes ou « le moins raffinées possible », qui contiennent plus de nutriments bénéfiques. L’Anses appelle aussi à limiter à 500g par semaine la consommation de viande hors volaille (environ 5 portions), à manger du poisson « deux fois par semaine » et à « réduire considérablement » la consommation de charcuterie, à 25g par jour maximum. La moitié de la population dépasse aujourd’hui cette quantité, et 5% d' »accros » consomme plus de 66g de charcuterie par jour.

Limiter les boissons sucrées à un verre

« La consommation hebdomadaire française moyenne de viandes hors volaille est seulement de 370g par personne (…), donc bien inférieure à ce seuil recommandé de 500g par semaine », a réagi Interbev, organisation interprofessionnelle du bétail et de la viande, citant une enquête du Credoc de 2013. Selon les données de l’étude INCA 2 utilisées par l’Anses, recueillies en 2006 et 2007, cette consommation était de 448g en moyenne chez les hommes et 287g chez les femmes.

Même tour de vis pour le sucre : s’il était déjà conseillé de ne consommer des produits sucrés que « de temps en temps et en quantité raisonnable », l’Anses recommande désormais de limiter la prise de boissons sucrées à moins d’un verre par jour. Et plus question de compter le jus d’orange du matin dans les cinq portions quotidiennes de fruits et légumes : moins riches en fibres et en vitamines, les jus de fruits, même pur jus, sont inclus dans les boissons sucrées.

Plus de légumes que de fruits

L’Anses encourage aussi à privilégier davantage les légumes aux fruits. Côté matières grasses, il faudrait « favoriser la consommation d’huiles végétales riches en acide alpha-linolénique », un acide gras essentiel faisant partie des omégas 3, telles que les huiles de colza et de noix. Ce rapport représente « une avancée notable », ont salué sept associations de défense de l’environnement (WWF, Greenpeace, Générations Futures…), qui regrettent en revanche que le lien entre santé et agriculture durable ou biologique ne soit pas évoqué.

Malgré le travail d’optimisation effectué, le niveau d’exposition à trois polluants (arsenic inorganique, acrylamide et plomb) reste « préoccupant », avertit aussi l’Anses, qui préconise « des efforts » pour réduire la teneur de ces contaminants dans les aliments. Le Haut Conseil pour la santé publique et Santé publique France doivent maintenant s’emparer de cet avis, qui servira de « socle scientifique » pour réviser les conseils destinés au grand public.
Amélie BAUBEAU pour AFP

Pour plus d’info sur les légumineuses et leur impact sur le climat  : Les légumes secs – Quelles initiatives territoriales ?

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