Stars high-tech 2017, les casques de réalité virtuelle trôneront encore au pied des sapins cette année ! Ce marché, s’il est encore petit, ne cesse de grandir avec plus d’un million de produits vendus sur le dernier trimestre, selon le cabinet Canalys. Et les prochaines sorties de Microsoft devraient continuer à alimenter cette croissance. Mais ces appareils ne sont pas sans danger pour la santé visuelle de vos porteurs ! Placés à 5 cm des yeux, ils pourraient sur le long terme provoquer de graves dégâts sur la rétine...

Une exposition rapprochée à la lumière bleue

On a tous entendu cette phrase étant petit : « Ne t’approche pas trop près de la télévision, tu vas avoir mal aux yeux ». Pourtant aujourd’hui, plus personne ne s’étonne à voir les jeunes générations porter un casque de réalité virtuelle pour enrichir son expérience, dans les jeux vidéo par exemple. Pourtant, ces appareils placés à 5 cm des yeux fonctionnent avec des écrans, souvent des smartphones, source de lumière bleue nocive.

Si « sa toxicité cumulative reste à démontrer, que ce soit pour le développement d’une cataracte ou d’une DMLA », « sa toxicité aiguë est aujourd’hui prouvée scientifiquement », selon les Dr. Gilles Renard et Jean Leid, ophtalmologistes*. Dans un article de 2016 du Journal Français d’Ophtalmologie, les deux spécialistes précisent : « le risque est faible pour des expositions courtes et à une distance suffisante mais important pour des expositions prolongées à courte distance ». Les effets néfastes les plus connus sont :

  • fatigue oculaire par sollicitation de la convergence et de l’accommodation ;
  • aggravation de la sécheresse oculaire par réduction du clignement et du fait de l’environnement.

Une technologie inadaptée aux enfants et aux amétropies

Les casques à réalité virtuelle ne respectent pas l’écart pupillaire des porteurs, ce qui explique notamment la fatigue visuelle. Le système oculaire compense et les muscles oculomoteurs sont sollicités. De plus, le procédé d’affichage employé, la stéréoscopie, oblige le cerveau à superposer deux images qui arrivent en léger décalage sur les yeux afin de n’en former qu’une. Conséquence : des maux de tête ainsi que des risques d’amblyopie chez l’enfant. « Un casque multiplie par 1 000 le risque de voir apparaitre une dissociation du système visuel binoculaire », alerte le Dr. Gilles Renard.

Enfin, la technologie, très astreignante pour la vue, ne s’adapte pas aux amétropies. Les porteurs de lunettes se retrouvent ainsi non corrigés le temps d’utilisation du casque. Seuls 50% des appareils permettent aujourd’hui de garder son équipement optique. Des chercheurs de l’Université de Stanford aux Etats-Unis travaillent à l’élaboration d’une technologie qui pourrait prendre en considération la myopie et l’hypermétropie. Mais l’intégrer aux casques reviendrait à augmenter leur prix et les rendrait invendables. Une raison qui expliquerait également que les traitements anti-lumière bleue, que nous connaissons sur les verres correcteurs, ne soient pas appliqués aux casques, selon le Dr. Renard.

Des conseils pour vos porteurs

Si malgré tous ces arguments, le casque de réalité virtuelle reste en tête de liste des cadeaux de Noël, il s’agit alors de savoir différencier les bons des mauvais produits. Le spécialiste a mené une étude comparative sur 6 casques, du low cost au haut de gamme. Selon lui, aucun appareil n’est correct mais les casques haut de gamme restent à privilégier. A noter également : les écrans Oled sont les plus nocifs.

Côté utilisation, l’ophtalmologiste conseille 15 minutes de port maximum pour un enfant en dessous de 10 ans et 1 heure maximum pour un adulte sur une journée. Un timing très restrictif par rapport au temps de jeu proposé sur ces casques par les éditeurs de jeux vidéo.

Le marché mondial des technologies immersives est évalué à 108 milliards de dollars en 2021. « Face aux grandes puissances technologiques qui envahissent le marché, le système de normalisation de la sécurité sanitaire est dépassé. Les industriels fournissent des produits qui font plaisir aux gens mais qui ne sont pas forcément bons pour la santé. Aujourd’hui, c’est aux professionnels de santé de faire de la prévention auprès du public, afin que les Français prennent conscience des risques qu’ils encourent et qu’ils font prendre à leurs enfants », conclut le Dr. Renard.

 

*Journal Français d’Ophtalmologie 2016, « Les dangers de la lumière bleue : La vérité ! », Dr G. RENARD, Dr J. LEID.
**Source : Etude Digi-Capital - janvier 2017]